Une polémique médiatique sur le refus de visa de LeG Arzam

Une polémique médiatique sur le refus de visa de LeG Arzam

Depuis le mardi 18 juin, la publication d’un article que j’ai rédigé, portant sur le refus de visa de l’ambassade de France à l’égard de l’artiste Arzam, connu sous le nom artistique de LeG Arzam, a suscité un vif débat. Cet article a déclenché une vague de critiques envers le chanteur et la décision de refus de visa, incitant de nombreuses personnes à réagir sur la page Facebook d’Alwatwan. Parallèlement, la publication a été largement partagée sur divers réseaux sociaux.

La première polémique concerne la réaction de certaines personnes qui critiquent le journal Alwatwan pour avoir publié un tel article. Selon elles, le journal aurait dû se limiter à aborder les refus de visa pour les étudiants plutôt que ceux concernant les artistes comoriens. Ce débat révèle une méconnaissance du rôle d’un journal. Un journal se doit d’être un espace d’expression neutre et impartial, rapportant les faits de manière précise et objective, sans prendre parti. Les journaux sont régis par un code de déontologie qui exige la véracité et l’exactitude. Manifestement, beaucoup de Comoriens ignorent la nature d’une tribune, qui est un espace médiatique réservé à une personne extérieure à la rédaction pour exprimer ses opinions. Dans cette tribune, j’ai partagé mon point de vue en tant que juriste publiciste internationaliste sur le refus de visa adressé à une étoile montante de la musique comorienne. Malheureusement, l’ignorance et la méconnaissance de certains nuisent à la compréhension de ces enjeux, ce qui entraîne des critiques infondées.

Nombreux sont ceux qui ont reproché l’attention portée au cas du chanteur plutôt qu’à celui des étudiants, qui se voient fréquemment refuser des visas. Cependant, il est crucial de ne pas mélanger ces deux sujets distincts. Arzam est un artiste dont la carrière repose entièrement sur la musique, contrairement à d’autres chanteurs qui combinent études et musique. Critiquer le refus de visa pour Arzam n’implique pas de négliger les problèmes rencontrés par les étudiants. Alwatwan a le droit de publier des tribunes, et Arzam a le droit de s’exprimer sur cette injustice. Il serait souhaitable que les Comoriens cessent de polémiquer inutilement et analysent les faits avec discernement.

Certaines personnes ont exprimé une animosité particulière à l’égard de la France, se demandant pourquoi ce pays en particulier. Il est important de noter que l’artiste a fourni des documents attestant de sa popularité, notamment en France, où il est plus écouté qu’aux Comores. Sur un document de 23 pages, la France apparaît en tête des pays où Arzam est le plus écouté, avec des statistiques vingt fois supérieures à celles des Comores. De plus, cette tournée impliquait des investissements conséquents et des contrats signés avec des entreprises françaises.

Ainsi, au lieu de se focaliser sur des querelles stériles, il est essentiel de comprendre les enjeux réels de cette situation et de reconnaître le droit de chaque individu et média à s’exprimer et à partager leurs analyses et expériences sur des sujets d’actualité.

L’engagement artistique et les controverses politiques

Arzam a également été critiqué pour avoir chanté lors d’un meeting du parti au pouvoir durant les campagnes électorales à Iconi. Beaucoup se demandent en quoi cela pourrait être lié au refus de son visa. En réalité, Arzam a simplement exercé son métier de chanteur lors de cet événement, où sa présence était souhaitée. Il a été rémunéré pour sa prestation, sans aucune implication politique. Pourtant, certains, n’ayant d’autre perspective que la critique, se sont acharnés sur lui pour exprimer leur mécontentement à l’égard du régime en place.

Je lui ai personnellement posé des questions sur cette affaire. Il m’a expliqué qu’il chanterait pour n’importe quel dirigeant, que ce soit AZALI ou Sambi, tant qu’il est rémunéré pour son travail. Arzam n’est affilié à aucun parti politique; il se consacre uniquement à sa carrière musicale. Il est d’ailleurs notable que, lors de l’investiture du président AZALI Assoumani en mai, une soirée dansante a eu lieu à Moroni, où de nombreux artistes comoriens, y compris des chanteurs révolutionnaires, ont performé malgré leurs divergences politiques avec le gouvernement. Cet événement souligne que la musique et la politique ne doivent pas être mélangées. Chacun est libre de participer ou non, c’est le principe même de la démocratie. Il est absurde de demander à quelqu’un de renoncer à son travail à cause de l’opposition de certains à la politique du président.

Certaines pages de Mayotte ont aussi contribué à envenimer la situation, en questionnant pourquoi les Comoriens cherchent à se rendre en France plutôt qu’ailleurs en Afrique. Ce débat a pris une autre dimension, certains suggérant même qu’Arzam devrait aller en Mauritanie comme d’autres. J’ai été choqué par ces propos d’une grande méchanceté, qui montrent un manque de solidarité et d’humanité. Il est regrettable que des critiques aussi infondées et malveillantes soient formulées à l’encontre d’un artiste qui ne fait que son travail.

Les Conseils juridiques suite au refus de visa

Pour couronner le tout, de nombreuses personnes ont affirmé que l’ambassade de France à Moroni avait parfaitement le droit de refuser un visa, soulignant qu’elle n’était nullement obligée de l’accorder. Cette affirmation a particulièrement retenu mon attention, car, ayant consacré la majeure partie de mon temps à l’étude du droit, je suis en mesure de comprendre certaines subtilités dans ce domaine. J’ai exprimé mon opinion en indiquant que cette décision était injuste. En quoi mon avis devrait-il poser problème ? Il ne s’agit pas d’un acte réglementaire ni même administratif, mais simplement de l’expression d’une voix s’élevant dans le désert.

Mes connaissances juridiques m’ont permis de conseiller à l’artiste de faire appel à un avocat spécialisé, car j’ai récemment pris connaissance d’une affaire similaire impliquant les artistes de Twamaya House, où le tribunal administratif de Nantes avait donné raison aux chanteurs dont les visas avaient été refusés. J’ai encouragé l’artiste comorien à recourir à tous les moyens juridiques disponibles. Ce sont ses droits, et je n’ai fait que lui offrir mon point de vue en tant que spécialiste du domaine juridique.

Je lui ai expliqué qu’il devait d’abord effectuer un recours gracieux auprès du directeur des visas, une étape obligatoire et préalable, avant de pouvoir éventuellement saisir le tribunal administratif en cas de réponse défavorable. Cela lui permettrait de contester la décision du consulat français à Moroni. Il n’y a rien de miraculeux dans cette démarche, c’est simplement l’application du droit pour toute personne demandant un visa.

J’ai également précisé que si la Commission de recours contre le refus de visa (CRRV) ne donnait pas satisfaction, il pourrait saisir le tribunal administratif de Nantes, compétent pour les litiges relatifs aux visas de court séjour en premier et dernier ressort, avec la cassation comme seul recours possible. C’est pourquoi j’ai recommandé de s’adresser à Maître Maliza Said Soilihi, une avocate expérimentée en la matière, qui pourrait suivre les procédures spécifiques en cas de refus de visa. Elle mène d’ailleurs un combat pour les femmes mariées qui demandent des visas pour que leurs époux puissent les rejoindre.

J’ai été surpris par les propos décevants d’une grande sœur juriste ayant suivi le même parcours que moi. Elle m’a fait comprendre qu’il faudrait donc faire appel à Maître Maliza si un jour on me refusait un visa. Je lui ai donc répondu avec assurance que oui, je ferai appel à elle car je connais mes droits et j’estime avoir bien assimilé mes cours de droit. Il est important de constater qu’il y a une grande différence entre jouer les juristes et être véritablement juriste.

Mon article n’a aucun effet sur les décisions de l’ambassade de France, qui ne changera pas d’avis en raison de mes écrits. Cependant, elle pourrait être contrainte de réexaminer sa décision si le tribunal administratif en ordonne le retrait pour non-conformité aux règles et procédures en vigueur.

Houdaidjy Said Ali
Titulaire d’un Master en droit public
Spécialité relations internationales
Dakar – Sénégal

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