Mayotte et les Comores au bord de la crise : la vérité sur l’opération Wuambushu

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Mayotte et les Comores au bord de la crise : la vérité sur l’opération Wuambushu

Le Monde rapporte sur un reportage effectué aux Comores, concernant le traitement de rapatriés expulsés de Mayotte par la France. Depuis le 22 mai, environ 200 personnes ont été expulsées par la France vers l’île d’Anjouan. Des retours que les autorités de l’archipel affirment être volontaires, mais que des réfugiés interrogés par Le Monde ont décrits comme forcés.

Dans une scène tumultueuse, un navire nommé La Citadelle a accosté sur l’île d’Anjouan, apportant avec lui 90 rapatriés expulsés de Mayotte. Les gendarmes et la douane comorienne ont bouclé la zone, rendant le port inaccessible aux familles, médias et même au gouverneur d’Anjouan qui est opposé à l’opération « Wuambushu ». Cette opération vise à détruire l’habitat insalubre et à lutter contre l’immigration clandestine et l’insécurité à Mayotte.

Depuis le début de la vague d’expulsions, environ 200 refoulés ont atteint Anjouan. Le gouvernement comorien a d’abord tenté de s’opposer à la France en refusant d’accueillir les personnes expulsées et en fermant ses ports aux navires en provenance de l’île voisine pendant trois semaines. Mais il a fini par céder sous la pression de Paris. Les Comores reçoivent officiellement des candidats au « départ volontaire » de Mayotte, un territoire dont elles revendiquent la souveraineté.

Le reportage montre que les rapatriés sont loin d’accepter leur situation. Les étrangers en situation irrégulière rejetés par la France n’ont pas choisi de rentrer aux Comores. Ibrahim Saïd Hamadi, expulsé de force, raconte son retour à Anjouan et le fait que, sur ses documents de voyage, il y avait la mention « volontaire », alors qu’il n’était pas d’accord. Il est arrivé à Mayotte clandestinement en 2018. Il a laissé derrière lui sa femme et ses trois enfants, tous Français.

Malgré des représailles possibles et la colère des Comores contre les vagues d’expulsions, certains encore cherchent à revenir se réinstaller sur l’île française. Mohamed Abdou Nassim, porte-parole des maires d’Anjouan, une commune où partent beaucoup de kwassa-kwassas (embarcations légères utilisées pour la traversée) explique que « la clandestinité devient notre unique option ». Il remarque que la libre circulation permettait des échanges fréquents entre ces îles sœurs sur lesquelles se répartissent souvent les membres d’une même famille.

Nabil Jaffar

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